Le 9 mars dernier se déroulait la journée de la femme digitale à Paris. C’est la troisième année que cette manifestation prend place un jour après la journée internationale des femmes.
Ce rassemblement est l’occasion de réfléchir et d’échanger sur les transformations qu’apporte le digital dans le monde du travail notamment pour les femmes.
Si l’égalité salariale et l’accès aux postes à responsabilités semblent encore souffrir d’un manque de parité, dans le domaine du digital, les choses ont l’air bien plus optimistes.
Un article récemment parus dans Forbes définit le digital comme « une opportunité d’appropriation et de différentiation pour les femmes » :
Selon une étude du cabinet Roland Berger pour la Journée de la Femme Digitale (dont nous sommes partenaires), le digital est un accélérateur professionnel pour 74% des répondants (féminins et masculins). La transformation digitale pourrait alors se muter en transformation sociale : si les femmes augmentent leur rythme d’adoption des technologies digitales, l’égalité hommes/femmes pourrait être une réalité dans les pays matures d’ici 25 ans (contre 50 ans au rythme actuel) et dans les pays émergents d’ici 45 ans (contre 85 ans).
Selon cette même étude, pour 40 % des interrogés (hommes et femmes), une femme digitale se définit comme quelqu’un qui utilise des outils du digital chaque jour
Etant moi même une femme évoluant dans le domaine du digital et faisant partie d’une équipe majoritairement composée de femmes, j’ai voulu en savoir plus sur l’expérience d’autres femmes.
C’est pourquoi j’ai lancé une série d’interview Les femmes du Digital dans laquelle nous découvrons le parcours de différentes femmes évoluant dans cette industrie.
Pour commencer, j’ai échangé avec Alice Vachet, Digital Manager du Groupe Carrefour, un leader mondial de la grande distribution. Alice n’est pas nouvelle sur le blog de Brandwatch, nous avions déjà collaboré avec elle lors d’un article de notre série #AskTheExperts où elle partageait avec nous sa tendance marketing du futur.Alice nous parle de son rôle et de sa relation quotidienne avec les outils du digital, mais également de sa vision sur la place des femmes dans ce secteur.
Bonjour Alice, pouvez-vous vous présenter et décrire votre rôle chez Carrefour ?
Je suis Digital Manager pour Carrefour. J’accompagne l’entreprise dans sa transformation digitale.
Je collabore principalement avec les équipes Étude et celle chargée de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE), que je viens récemment de rejoindre. Mon rôle vise à identifier des nouveaux outils, startups, etc. avec lesquels nous pouvons collaborer, ainsi que de créer des approches innovantes et de mener à bien des projets digitaux.
Quel a été votre parcours professionnels avant de rejoindre Carrefour ?
Je travaille depuis déjà quatre ans dans ce domaine. J’ai commencé chez Canal+, en tant que chef de rubrique et community manager.
J’ai ensuite voulu tenter l’expérience en agence digitale où je suis devenue social media manager pour le compte de sept marques différentes. Enfin, j’ai intégré le groupe Carrefour, afin de mettre mon expertise digitale au service d’un des leaders mondiaux de la grande distribution.
En tant que Digital Manager, la social data fait-elle partie de votre travail au quotidien ? Pourquoi et comment l’utilisez-vous ?
Tout à fait. C’est même l’un des enjeux majeurs pour les équipes Étude que j’accompagne. Il est important de collecter, mais surtout d’exploiter les datas issues du web social.
Pour cela nous utilisons plusieurs outils qui se complètent et forment un écosystème de collecte et d’analyse autour du client ou du prospect 2.0.
Quels sont les principaux challenges que vous rencontrez face à la social data aujourd’hui ?
Le challenge principal n’est plus la collecte de data mais son exploitation à des fins utiles.
Pour cela, il faut identifier et challenger des acteurs (outils, nouveaux entrants) sur ces sujets. C’est un travail de longue haleine et la croissance exponentielle des outils digitaux rend la tâche plus délicate.
Le web social ne tarit jamais de data ; c’est à nous de nous adapter aux flux toujours plus importants de données.
Qu’est ce qui vous a motivée à travailler dans le digital ?
J’ai vécu pendant six mois à Shanghai. Cela m’a permis de comprendre l’impact du digital et la nécessité d’intégrer cette compétence à mon futur métier.
J’ai toujours été attirée par les challenges, je me suis donc lancée de nombreux défis personnels en parallèle des fonctions que j’exerçais, comme créer des communautés sur les réseaux sociaux (Twitter notamment). Cette initiative m’a permis de manier différents outils et plateformes sociales, pour aujourd’hui, être à-même de proposer une expertise sur ces sujets.
En tant que femme évoluant dans le digital, avez-vous rencontré des difficultés ?
Tout à fait. Souvent assignée à mon image, il était difficile d’être « crédible » en tant qu’influenceuse, mais également en entreprise.
Je suis aussi relativement jeune, ce qui a rendu parfois compliqué d’imposer son expertise devant des équipes plus « âgées ». Mais les choses changent, et mon caractère affirmé m’aide à ne pas me laisser marcher sur les pieds !
Que pensez-vous de la diversité dans le secteur du digital ?
C’est essentiel.
Pour innover il faut être plusieurs, afin de challenger des idées, enrichir des concepts… La mono-pensée est révolue ; le crowd sourcing est incontournable aujourd’hui. Il faut à la fois diversifier les sexes, mais également les âges, les compétences, les expériences.
La variété de profils est la clé du succès.
Quelle femme du digital vous inspire particulièrement ?
Je n’ai pas de « rôle modèle ». J’aime piocher au fil de mes convictions et de mes découvertes, que ce soit en termes de personnes, de métiers, de compétences ou de sujets, peu importe. Je me construis par l’apprentissage et la mixité.
Si je devais citer une femme inspirante, je penserais à Michelle Obama. Elle n’est bien sûr pas issu du « milieu du digital » mais c’est une personne que j’admire pour les valeurs qu’elle défend. Sa qualité en tant que femme de pouvoir, fédératrice autour de ses actions, en fait un vrai leader d’opinion et un poids sur la scène internationale, notamment en matière de droit des femmes.
Quelle est votre prédiction pour la prochaine tendance digitale ?
L’AI, of course ! L’Intelligence Artificielle sera l’innovation décisive à l’horizon 2020.
De nombreux projets sont lancés actuellement et je pense que ce phénomène deviendra vraiment incontournable dans quelques années. Un sujet à surveiller de très près.
Si vous aviez un conseil à donner aux femmes du digital, quel serait-il ?
Innovez, croyez en vous et foncez !
Il est important de s’imposer en tant que femme dans la vie de tous les jours comme dans le milieu du digital. Il y a de plus en plus d’exemples de réussites féminines dans ce domaine. Il faut sortir des sentiers battus, être créative mais authentique.
Beaucoup reproduisent des schémas connus ou des concepts qui marchent, mais ce n’est comme ça qu’on se fait remarquer. Osez, laissez vous le droit à l’erreur.
Truman Capote disait que « l’échec est l’épice qui donne sa saveur au succès ». Je suis fière d’en avoir fait l’expérience.
Un grand merci à Alice de nous avoir accordé cette interview.